J’ai eu envie de créer cette page pour y déposer toutes mes pensées et partager un peu les réflexions (alambiquées) qui me traversent le crâne… sans organisation ni réelles modifications postérieures, juste ce qui vient.
Pour le contexte, je pratique l’auto-hypnose Hunkaar depuis mi 2022 et j’ai commencé à m’intéresser à l’hypnose vers décembre 2013.
4.03.25:
Hier soir, m’endormant, j’ai réfléchi à mon interrogation sur la « conscience de soi » du subconscient. J’ai repris la métaphore de l’iceberg, m’imaginant moi, conscience « égo », sur la partie émergée. Pêcheur, je souhaite obtenir une information mnésique en lien avec une problématique actuelle : un événement oublié du passé qui m’aiderait à comprendre mes soucis d’aujourd’hui. Je lance mon fil dans l’eau.
Tout humain ayant essayé cela en passage chez un hypnothérapeute ou en solo par auto-hypnose aura vécu la même chose : la remontée, à un moment ou un autre, de cette information qui, après étude, s’avère être pile poil en lien avec la demande ! Par exemple : pourquoi ai-je peur des chiens ? Un souvenir remonte d’agression par un chien à l’âge de quatre ans, confirmé par les parents ou amis. Pourquoi je ne m’attache pas ? Par le passé, il/elle a vu son père/sa mère rompre brusquement les liens familiaux, etc. Quand ces mémoires veulent bien remonter, elles doivent également être vécues à nouveau à la hauteur de leur intensité perçue à l’âge de leur création. Ce qui fait qu’on peut se retrouver à nouveau dans l’état d’esprit d’un enfant de quatre ans, momentanément, pour intégrer, enfin, dans un esprit d’adulte, la peur vécue lors de l’agression du chien, par exemple.
Comment cette information-là a-t-elle pu remonter, quand notre propre conscience n’en avait aucune idée ? Quel programme « là-dessous », dans la partie émergée de l’iceberg, a répondu à notre demande ? Est-ce une conscience telle que la nôtre ? Ou un « programme » organique ancré depuis des millions d’années ? Interprétons-nous plutôt ce qui nous remonte comme étant forcément en lien avec la demande ? Y a-t-il là uniquement de l’interprétation ? Cela ne reviendrait-il à penser aux rêves comme étant de simples manifestations sensorielles aléatoires, alors même qu’ils peuvent étrangement se répéter d’une nuit à l’autre, d’une partie de nuit à l’autre, évoquant trop précisément les problèmes traversés, dirigeant vers des solutions non imaginées encore, pointant bien souvent du doigt les impressions subconscientes vécues dans la journée vis à vis d’un événement, d’une personne ? Si tout ceci était aléatoire, cela ne pourrait être ainsi. Même en imaginant qu’il ne s’agit que d’interprétations de notre conscience éveillée, il faut être de mauvaise foi pour nier qu’un rêve est souvent très précisément indicateur d’un mal-être particulier. Le hasard n’en ferait rien, lui.
En hypnose, des personnes se sont mises à parler comme étant « autre », non pas seulement par « rôle » imposé par l’hypnotiseur, mais volontairement, par elle-même, et se réveillant alors sans aucun souvenir des propos tenus. Encore mieux : l’on peut pratiquer ceci en ayant conscience de l’autre conscience parlant par « notre » bouche ! Il y a donc là « deux » consciences en face-à-face (ou côte à côte). Le subconscient aurait donc sa propre conscience, et elle engloberait la nôtre. Nous sommes lui et non l’inverse, dirais-je. Nous sommes une construction, une construction du subconscient, créée par des années d’existence, depuis la naissance, sans cesse transformée par la partie immergée de l’iceberg qui est notre esprit. Mais nous sommes en dissociation avec cette conscience, il y a un transfert en effet non réciproque de données : autant le subconscient a parfaitement conscience de notre existence, « nous » sommes « lui », la face présentée au monde, le respect des convenances, la prétention sociale, autant nous n’avons pas, nous, conscience du subconscient. Ou si peu, à travers les réflexes et les lapsus émaillant notre vie. Nous ne connaissons pas la partie émergée de l’iceberg, ne l’observant qu’à peine à travers l’hypnose (les transes et autres états modifiés de conscience pouvant mener à de telles révélations). Il est alors forcément fascinant, pour tout novice et même habitué, de rencontrer ce que l’on appelle par égo « part de soi » (alors qu’il s’agirait plutôt de l’inverse : « nous » sommes une part du « soi » du subconscient). Rencontrer l’être que nous pensions être, la personne que nous pensions représenter si bien, la conscience dont nous croyions avoir l’exclusivité. Nous sommes ce subconscient, ce n’est pas nous qui l’influençons, mais l’inverse. Ce ne sont pas nos actions qui sont à l’origine de ses changements, mais ses propres changements intérieurs qui mènent à nos actions. Il est pourtant très difficile de l’admettre, puisque nous avons l’impression absolue d’être « maître » de nos décisions, puisque nous réfléchissons, analysons, pensons par nous-mêmes… mais et si tout ceci était en vérité la pensée, l’analyse et la décision finale de ce subconscient ? Quelle autonomie, en ce cas-ci, avons-nous réellement alors ? Tous les philosophes en la matière d’alors et d’aujourd’hui s’en sont rendu compte : nous ne sommes pas maître de nous-mêmes, car nous sommes ordonnés par plus grand que nous-mêmes. Pour autant, nous pouvons, par l’hypnose, converser soudain avec ce « plus grand », observant comme dans un miroir un monde intérieur existant depuis toujours. Nous sommes un, mais ce « un » n’est pas juste la personne que nous croyons être. Un fragment de notre réalité.
Toutefois, une autre question émerge : nous sommes donc notre subconscient, moi qui écris, par exemple. Mais mon subconscient peut-il avoir en même temps une autre conscience de lui-même que celle qu’il utilise pour écrire à cet instant même ? Ou bien faut-il forcément un état modifié de conscience (EMC) tel que l’hypnose pour ce faire ? Est-ce la réponse derrière les incohérences vécues lorsque je discute avec mon subconscient en étant hors d’un état volontairement hypnotique ? Et dans ce cas quelle est la limite entre l’hypnose et la non hypnose ? La non hypnose existe-t-elle vraiment ou bien sommes-nous toujours forcément dans un EMC ? Mais si c’est le cas, alors est-ce une croyance qui ne nous permet pas d’obtenir des réponses cohérentes et stables avec nous-mêmes (nous, subconscient, personne entière, si je puis dire) lorsque nous ne sommes pas dans ce que nous appelons « un état d’hypnose » ? Lorsque mon subconscient répond de manière évidemment en relation avec la croyance que j’ai (cela peut être momentanée), comme un « non » qui survient parce que j’imaginais qu’il allait répondre ainsi, est-ce parce qu’il est « moi » entièrement à cet instant, se répondant alors par automatisme – et nous enclenchons alors le programme dont je parlais plus tôt – ou bien est-ce lié à une influence émotionnelle si puissante qu’elle interagit avec la réponse qu’il essayait de donner ? Cette option ne me paraît pas la plus logique, là tout de suite, malgré tout ce qui pourrait faire abonder en ce sens, parce qu’il me semble que mon émotion alors en place n’était pas si puissante. L’on aurait plus dit une « attente ». Peut-être mon attente était-elle forte, en effet, peut-être était-ce mon mécanisme malheureusement bien ancré du « je ne vais pas réussir à obtenir quelque chose de stable et de censé de ce subconscient » que j’ai depuis deux ans et demi. En ce cas, on en revient à la question : quelle est la limite entre hypnose et non-hypnose ? Car s’il faut être en état hypnotique pour pouvoir « discuter avec soi-même » (le soi-même étant alors la personne entière, le subconscient (qui est le tout, dans mon essai)), alors quand est-ce que je ne discute qu’avec un programme, et quand est-ce que je discute littéralement avec mon « reflet plus grand » ? Si limite il y a, où se situe-t-elle ? Dans quel état la dépasse-t-on ? Car être « sous hypnose » n’est pas indiqué par des panneaux et des lignes en pointillées. La frontière semble flou. Ne serait-il donc pas plus logique qu’il n’y ait aucune limite et que nous soyons en permanence dans un EMC ? Je pense que oui et ne suis pas la seule à le penser. Et puis, « état modifié de conscience » est une expression quelque peu amusante : cela implique qu’il y a une conscience quelque part qui est dans un état non-modifié. Qu’est-ce qu’un état « non-modifié » ? Je ne pense pas que cela existe. Comme une base, un plan neutre ? Où est-il, qu’est-il, ces questions me paraissent absurdes, au vu de la richesse des comportements humains. Nous ne sommes pas des robots, des ordinateurs qui peuvent être éteints et se trouver alors dans un état stable. Donc… revenons à la discussion avec notre subconscient… l’hypothèse qu’elle n’est possible que dans un état modifié de conscience devient absurde, puisque nous serions en permanence dans un état modifié de conscience… impliquant une conversation avec le subconscient toujours possible, effondrant donc la théorie de la réponse programmée, automatique. En ce cas, pourquoi obtenons-nous donc des réponses directement liées aux émotions ? Parce que ces émotions influent immédiatement le trajet de la réponse du subconscient. Elle supplante aussitôt ce qui voulait se transmettre, ou bien devient l’unique pensée, sans supplanter quoi que ce soit. L’un dans l’autre, on en revient là : notre être soumis à la rivière des émotions devient cette rivière. Pouvons-nous nous en détacher ? Sûrement, par la méditation, ou l’analyse profonde d’un sujet. L’éveil, peut-être bien, est le pinacle du détachement de la rivière des émotions, d’ailleurs appelée « samsara » par les bouddhistes.
Mais bon, la question reste : mon subconscient a-t-il une conscience de lui permanente ou est-ce selon l’état mental dans lequel on se trouve qui permet cela ? Est-ce que sa conscience est d’ordinaire celle que « j’ »utilise pour écrire, ou bien y a-t-il en moi, en nous, être intégral, une autre conscience agissant sur autre chose, réfléchissant à autre chose ? Quand je pose la question sans plonger dans un état hypnotique particulier, j’ai des réponses variées, changeantes, selon l’émotion ou autre, que sais-je… ce qui tendrait à prouver qu’il n’y a pas de conscience autre que celle que nous utilisons pour écrire à cet instant précis, lorsque nous ne nous « regardons » pas… grâce à un état différent, plus introspectif. Peut-être ? Cela me paraît pourtant erroné : il arrive très souvent qu’une information remonte à notre conscience alors que nous faisons autre chose, une information en lien avec, soit une interrogation passée, soit carrément un oubli, nous indiquant donc qu’il y a bien une conscience en nous qui pense différemment de notre conscience habituelle… en même temps. Finalement, le plus juste à dire serait « je n’ai pas conscience de ma propre conscience ». Voilà la chose la plus étonnante : nous concevons qu’un bébé puisse prendre ses pieds pour des objets étrangers à son corps, mais nous concevons mal que ce puisse être la même chose chez un adulte avec sa conscience… intelligente, par conséquent, et donc capable de se répondre à elle-même de façon surprenante. Oui, nous avons la capacité de nous surprendre, de nous dire des choses auxquelles nous n’avons pas pensé, de bouger selon des mouvements ordonnés, avec parfois un but précis et thérapeutique, que nous n’avons pas imaginé faire… Curieux esprit que le nôtre ! Nous regardons un reflet intelligent et plus vaste, nous donnant alors l’impression obligatoire d’un autre être, d’une autre volonté, d’une autre conscience. Mais c’est alors, semblerait-il, à la fois vrai et faux. Nous sommes un, et nous pouvons être plusieurs…