Ils avaient pris la mer
Comme si l’eau était claire
Et le soleil haut.
Dans leur cœur matelot
Brillait concupiscence
A leur tour ils voulaient
Se glisser dans la danse
Et leur bateau armé
Intimidait le monde
Quelques guerres cruelles
Il n’y perdit les ailes
Mais fit planter des tombes
Très tôt mauvais présage
Son unique passage
Était source de morts
Et moult pillages d’or
Un jour ils s’amarrèrent
En une baie perdue
Une maison de terre
A la bouche éperdue
Gardiennait toute seule.
Sur la pente du mont
Paissaient quelques moutons
On entendait la meule
Écraser les grains prêts
Mais quelle tranquillité !
Se dirent-ils soulagés
Allons nous reposer
Leur âme de bandit
D’assassins et pilleurs
S’était bien refroidie
Et n’aspirait pour l’heure
Qu’à s’amuser et boire
Sur la pente du mont
Paissaient quelques moutons
A peine du brouillard
Tissait manteau frileux
Et les voleurs heureux
Dans la brume entendirent
La meule soudain gémir
C’était comme une voix
Une voix chargée d’âge
Leurs corps eurent bientôt froid
Leurs pieds firent dérapages
Bien sûr espoir du feu
Ils vinrent forts têtus
Dos voûté, crâne nu
la brume croquait les yeux
Et les moutons squelettes
Se présentaient en quête
D’un peu de nourriture
Comme des créatures
Étranges et irréelles
L’un tourna l’attelle
Et ses pupilles prêles
-Le rectangle des stèles-
De leurs mouvements frêles
Rirent !
Ils avançaient toujours
L’humeur dégradante
La pensée décadente
Ils en devenaient sourds
La meule s’était tue
Immobile prédateur
La brume disparut
Tel un voile de frayeur
Et il ne restait plus
Que la maison de terre
Et sa bouche tordue…
Quelques moutons paissaient.
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